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descriptionUne débilité à la française : les études de droit EmptyUne débilité à la française : les études de droit

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Vaste et ambitieux sujet que celui qu'ambitionne ce titre.

Bon, [url=dans un précédent message][/url], j'ai présenté sous un jour très favorable le système anglo-saxon, sans ignorer le défaut principal invoqué à son encontre, à savoir les frais d'inscription, mais vous aurez compris que ce n'en est pas vraiment un. Mais je tilte sur une phrase de Yo-Wan, qui me répond, et ça me donne envie d'en rajouter une couche :
Yo-Wan a écrit:
Mais je pense que ca en vaut la chandelle et qu'il faut poursuivre les efforts, et vu la fréquentation et le boulot abattu par tous : je suis pas le seul à penser ca ! Si un futur DRH nous lit : Embauchez les mecs qui sortent de fac


J'vais même aller plus loin : y a qu'en France qu'on bosse autant comme des malades, pour finalement quelque chose qui ne vaut pas grand chose.

En UK, comme des trouzillions d'étudiants, je n'ai que deux devoirs à rendre au cours de l'année, sur des sujets que je choisis, limités à 2000 mots, entièrement tapés, mais également référencés avec des sources. Aucune méthode formelle n'est imposée, ni même souhaitée : la seule chose qui compte, c'est que ta démonstration soit rigoureuse et étayée de source. On arrête de suite avec les sempiternelles dissertations et commentaires d'arrêt 2 fois par semaine. A côté, on a des seminars, l'équivalent des TD, où on doit répondre à des questions, essentiellement de compréhension des documents (et là, par contre, un arrêt de la Cour de cassation, c'est 3 attendus, mais un arrêt de la House of Lords, c'est 50 pages, avec toutes les opinions des juges) et de confrontation juridique, mais qui ont pour principale finalité de préparer le débat qui, immanquablement, se déroulera durant la séance. En gros, ça peut facilement se faire en 3 heures. Et je suis assuré que ma prof de LLB, avocate anglaise elle-même, saura le mener.

Si peu de travail... Mais, que font les étudiants à côté ? Hin hin.

D'abord, ils sont fermement invités à diversifier leurs connaissances juridiques. Certes, ça passe par du travail d'approfondissement en BU, comme partout, même si chez nous, il est souvent très fictif et imposé, ce qui est la négation même de l'enseignement universitaire. C'est, entre autres, la raison d'être de mon petit blog, expérience que je vous invite à faire, soit par vous-mêmes,<
strike>
soit en candidatant pour être rédacteur d'erablog, vous aussi<
/strike>
(place pourvue).


Mais ce qui recueille le plus de succès, c'est la Law Clinic, qui est, en fait, un espèce de cabinet d'avocats, dans lesquels des étudiants en droit, de première année, ou qui se préparent aux concours d'avocats, reçoivent des vrais gens, qui ont des difficultés juridiques, qui les aident, qui montent leurs dossiers, qui les plaident, vont devant un juge, pour de vrai, et tout ça, pro bono (c'est-à-dire gratuit, for free, mais bon, hein, en droit, c'est vulgaire, alors on dit pro bono). Et, forcément, c'est sans doute bien plus efficace, question motivation, compétence, travail de recherche, initiative, et même esprit d'entreprise, que n'importe quel TD universitaire... C'est d'ailleurs tellement bien que dans beaucoup d'universités, l'investissemnet dans la law clinic est évalué et compte dans le cadre des études universitaires. C'est la moindre des choses.

A ce stade, vous vous dites : Chouette, chouette, faisons pareil, c'est génial ! Tes yeux humides supplient Sarkozy et Pécresse de lire Lexhic ! A moins que tu ne sois déjà plus devant ton écran, et que tu veuilles à tout prix partir en Angleterre, no limits, quoi !

L'année dernière, j'ai essayé, justement, de monter une law clinic à la française. A Bordeaux IV.

Première réaction des étudiants : "
J'ai peur."
On m'a pris pour un escroc qui faisait miroiter des rêves. Il a fallu que je convainque que ça existait vraiment, dans le vrai monde, plaquette de promotion de la Law Clinic d'Harvard, Stanford, et Kent à l'appui, et que si ça se faisait sous des latitudes quasiment arctiques, et dans toute l'Europe, ça pouvait se faire sur la côte atlantique, bien chez nous. Très peu ont vraiment voulu soutenir l'idée, la plupart du temps effrayé par l'investissement que cela pouvait prendre. Certains en ont eu le courage : moins d'une dizaine.

Seconde réaction, des enseignants : "
Va voir ailleurs"
. En fait, une seule prof. Il n'était visiblement pas nécessaire d'aller plus loin. La prof "
bon public"
, nous dit que c'est très bien, que c'est énorme, mais qu'elle voudrait certainement pas s'en occuper. Elle nous invite à aller voir son collège, St Pau. En fait, on a pris contact avec son secrétariat : pas joignable. Rendez-vous avec Laborde ? Non, sûrement pas.

Troisième réaction, des avocats : "
Casse toi"
. A chaque fois que j'en ai parlé, par des avocats contactés par Internet, principalement, tous nous ont dit que c'était jouer au casse-pipe, en terme de resposabilité, que c'était immontable, que c'était une idée farfelue et que, franchement, des étudiants qui conseillent des personnes, alors que des avocats ont eux mêmes des difficultés pour le faire ? M'enfin, petit gars, c'est pas raisonnable.

Quatrième réaction, de la loi. Oui, oui, vous ne rêvez pas, j'ai appelé la loi, par téléphone (en appel masqué, j'voulais pas qu'elle me rappelle, parce qu'un rappel de la loi, c'est pas gentil) qui m'a dit :
Article 4 de la loi n°71-1130 du 31 décembre 1971 portant réforme de certaines professions judiciaires et juridiques, 1° alinéa a écrit:
Nul ne peut, s'il n'est avocat, assister ou représenter les parties, postuler et plaider devant les juridictions et les organismes juridictionnels ou disciplinaires de quelque nature que ce soit, sous réserve des dispositions régissant les avocats au Conseil d'Etat et à la Cour de cassation et les avoués près les cours d'appel.

En fait, c'est même pas la peine.

Ce qui est, pour beaucoup d'étudiants, la raison d'être des études de droit aux Etats-Unis, en Angleterre, au Canada (et même francophone, hein), en Afrique du Sud, au Nigeria, au Japon... ne peut pas être fait en France, monopole de l'avocat oblige.

Et là, le jour où j'ai vu ça, j'me suis senti... plus européen et internationaliste que jamais :mrgreen: ! Alors, à côté, les notes seuils... ça me passe un peu au-dessus.

Dernière édition par 5 le Mar 22 Avr - 15:39, édité 1 fois

descriptionUne débilité à la française : les études de droit EmptyRe: Une débilité à la française : les études de droit

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lol ... j'ai appris beaucoup de choses d'un coup !
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