Etant en accord avec plusieurs positions exprimées, je vais essayer de vous faire part de la mienne.
En premier lieu, tout à fait d'accord sur le fait que le parti nationaliste à l'initiative de cette consultation a des visées racistes et xénophobes : l'affiche de campagne me fait froid dans le dos (les couleurs noir et rouge sont loin d'être innocentes).
Cependant, je suis très en colère contre les commentaires haineux sur le vote démocratique des citoyens suisses : ce type de consultation - on ne peut plus démocratique - n'existe pas en France et, à ma connaissance, nulle part en Europe (dîtes-moi si je me trompe). Le peuple souverain a donc pris position sur une question qui n'est nullement l'interdiction d'une religion mais sur l'interdiction de l'édification d'un élément architectural habituellement accolé aux mosquées : c'est loin d'être pareil !
Permettez-moi de vous faire part de quelques expériences avant de revenir directement sur le sujet.
J'ai eu la chance de faire un voyage en Israël en 1999 alors que la situation y était "
calme"
. Nous avons eu le privilège de pouvoir entrer dans la mosquée du Dôme du Rocher à Jérusalem, haut lieu de l'Islam en raison de l'empreinte d'un pas du Prophète sur un rocher selon les fidèles.
Il nous a été demandé de nous déchausser pour y entrer : il n'y a eu aucun problème pour ce faire.
Bien évidemment, la touriste moyenne a immédiatement mitraillé l'intérieur avec son appareil photo....et s'est fait vertement "
engueulée"
par une femme musulmane présente dans la mosquée : elle l'avait bien cherché car elle avait manqué du respect dû par un invité à ses hôtes, c'est ainsi que je nous considérais.
De même, nous avons fait halte à Naplouse, en territoire palestinien. Là encore, s'agissant d'un vendredi, il nous a été demandé de ne pas manger ni de boire dans le rue, par respect pour les croyances locales. Nous l'avons fait sans problème.
Ayant également eu la chance d'aller en Russie (oui, Garchi, je sais ce que tu penses, c'est le remake de Don Camillo en Russie !!
) : lors de la visite d'églises orthodoxes, il a été demandé aux femmes du groupe de de couvrir la tête d'un foulard...cela a été fait.
Ce long développement, pour vous redire que si la liberté religieuse et la séparation de droit ou de fait en Europe des Eglises et de l'Etat est une évidence quotidienne, il n'en est pas de même partout dans le monde, loin s'en faut.
En tant que citoyen français, épousant ou refusant toute religion qui vous plaît, vous pouvez être contraint à telle ou telle attitude ou comportement selon le pays dans lequel vous entrez.
Comme vous le savez peut-être, un cachet d'entrée en Israël apposé sur votre passeport français vous interdira toute entrée dans la plupart des pays du Golfe (hors Egypte et je crois Jordanie).
Alors, j'en reviens au référendum helvète.
Finalement, hors les considérations xénophobes que j'évoquais en préambule, je peux comprendre un tel vote.
Historiquement, l'Europe a accueilli la religion chrétienne sous ses diverses composantes (orthodoxes russes et grecs, catholiques romains, anglicans, protestants....) et, nécessairement, les édifices religieux qui y étaient liés.
De même, la religion israélite.
Cependant, la religion musulmane n'a jamais fait partie de notre héritage culturel et c'est en cela, que le vote suisse doit être regardé.
Les minarets en Suisse et ailleurs sont l'expression visible d'un choc de civilisation : musulmane (avec, ne l'oublions pas, toute la brillante culture qu'elle porte) et chrétienne.
Ils posent une question qu'il conviendrait - mais elle n'est pas la seule - de ne surtout pas éluder : jusqu'où les peuples européens peuvent-ils légitimement admettre l'expression de valeurs cultuelles et culturelles étrangères à la civilisation européenne ?
Nous rejoignons à mon sens la question de l'identité nationale soulevée par Guy Debord : évacuer ces questions d'un revers de main ne pourra qu'ouvrir des boulevards aux partis et gropuscules xénophobes avec tous les risques que cela comporte.