Salut. Je m'appelle Guy-Jean. J'ai 24 ans, j'ai eu ma licence l'année dernière, j'ai ensuite commencé un master en droit international que j'ai lamentablement abandonné en fin de premier semestre.
Mon plus haut fait d'arme sur le campus fut incontestablement ma participation au regretté Délit Express, journal étudiant promis à un bel avenir avant de se dissoudre progressivement dans l'apathie ambiante. J'avais pourtant de l'enthousiasme à revendre lorsque j'ai débarqué à cette réunion de rentrée 2004 pour présenter mon article sur le nouvel album de Brian Wilson. J'étais prêt à retrousser mes manches et à mettre les mains dans le cambouis, révéler les plus sombres magouilles de la toute puissante Energie Etudiante, les projets démoniaques et anti démocratiques du président de l'Université, plus tard les dessous peu reluisants de la mobilisation anti CPE (qui avait globalement toute ma sympathie, cependant)... Je n'ai évidemment rien fait de tout ça, trop occupé à pleurer dans mon lit parce que Claire voulait pas sortir avec moi et commençait à me snobber, trop occupé aussi, très rapidement, à ruminer ma haine contre tous ces connards qui allaient à la fac comme on va au supermarché, pour faire leurs emplettes, ne s'attardant pas plus que nécessaire, évitant le plus possible de croiser le regard de leur prochain. Alors j'ai choisi de ne parler que de choses plus légères, de musique surtout puisque j'adore ça, profitant tout de même du caractère apparemment inoffensif d'un sujet sur la star academy ou un groupe de metal d'avant garde pour lancer quelques piques bien senties. Finalement le jour arriva où, les caisses étant vides et l'équipe réduite à 3 membres, nous décidâmes d'abandonner le navire en train de sombrer (navire que personne ne semble regretter, malgré nos opérations distribution de bonbon qui étaient, j'ose l'affirmer, ce que la fac a connu de mieux en terme de manifestations socio culturelles) (non je rigole) (quoique...)
Bref. J'ai depuis compris que les apparences étaient parfois trompeuses et qu'il y avait tout de même dans cette bergerie un nombre non négligeables de personnes dignes d'interrêt;
je me suis fait quelques amis, assez pour ne plus systématiquement me sentir en terrain hostile dès que je sortais de ma voiture. Finalement tout commençait à s'arranger plus ou moins lorsque j'ai compris que mon aversion TOTALE pour la technique juridique m'empêcherait de poursuivre dans cette voie. C'est même pas une question d'idéologie, c'est même pas que je répugne à comprendre les mécanismes régissant un hypothétique intrument de domination bourgeois, non, c'est juste que je ne suis pas fait pour ça, mon cerveau n'a pas les connexions requises, tant mieux si certains en disposent, moi ce n'est pas le cas, comme d'autres sont incompatibles avec les maths ou la poésie, point de jugement de valeur là dedans, ou si peu. Voilà.
Je passe maintenant mes journées à faire ce que tout étudiant devrait pouvoir faire pendant au moins un semestre durant sa scolarité : prendre le temps de lire. Les auteurs classiques, le journal, des essais contemporains, et PAS SEULEMENT dans l'optique des fameuses épreuves de culture générale de tout concours qui se respecte, mais aussi, et surtout, simplement pour soi, pour le plaisir de comprendre ce qui se passe dehors, de se dire qu'on sait des choses et qu'on vaut pas moins que ceux qui prétendent savoir et se permettent de décider à notre place. Pour perpétuer un héritage aussi, parce qu'un monde où les gens ne s'intéressent plus à ce qui a été fait avant, c'est un monde qui court à sa perte. Bref. Je lis. Sénèque, Confucius, Lautréamont, Rimbaud, Toqueville, Montesquieu, Pascal, Descartes, Alain, Breton, Desnos, Tzara, Michelet, Marx, Bakounine, Proudhon, Levi Strauss, Bourdieu, Barthes, Baudrillard, Castoriadis, Guy Debord, Fante, etc... J'ai l'impression, pour la première fois depuis que je suis inscrit à la fac, ou presque, que je ne perds pas mon temps. Voilà.
Je pense que je reviendrai plus en détail sur mon expérience universitaire (qui est loin d'être terminée) lorsque j'en aurai le temps, parce que je ne pense pas être le seul dans mon cas.
Ah sinon pour finir, mais tout le monde s'en fout, je suis moi aussi un admirateur de Guy Debord, mais aussi de Philip K. Dick, de Frantisek Kupka et de Gustav Mahler, et pour moi le meilleur groupe de ces 10 dernières années c'est Animal Collective.
Mon plus haut fait d'arme sur le campus fut incontestablement ma participation au regretté Délit Express, journal étudiant promis à un bel avenir avant de se dissoudre progressivement dans l'apathie ambiante. J'avais pourtant de l'enthousiasme à revendre lorsque j'ai débarqué à cette réunion de rentrée 2004 pour présenter mon article sur le nouvel album de Brian Wilson. J'étais prêt à retrousser mes manches et à mettre les mains dans le cambouis, révéler les plus sombres magouilles de la toute puissante Energie Etudiante, les projets démoniaques et anti démocratiques du président de l'Université, plus tard les dessous peu reluisants de la mobilisation anti CPE (qui avait globalement toute ma sympathie, cependant)... Je n'ai évidemment rien fait de tout ça, trop occupé à pleurer dans mon lit parce que Claire voulait pas sortir avec moi et commençait à me snobber, trop occupé aussi, très rapidement, à ruminer ma haine contre tous ces connards qui allaient à la fac comme on va au supermarché, pour faire leurs emplettes, ne s'attardant pas plus que nécessaire, évitant le plus possible de croiser le regard de leur prochain. Alors j'ai choisi de ne parler que de choses plus légères, de musique surtout puisque j'adore ça, profitant tout de même du caractère apparemment inoffensif d'un sujet sur la star academy ou un groupe de metal d'avant garde pour lancer quelques piques bien senties. Finalement le jour arriva où, les caisses étant vides et l'équipe réduite à 3 membres, nous décidâmes d'abandonner le navire en train de sombrer (navire que personne ne semble regretter, malgré nos opérations distribution de bonbon qui étaient, j'ose l'affirmer, ce que la fac a connu de mieux en terme de manifestations socio culturelles) (non je rigole) (quoique...)
Bref. J'ai depuis compris que les apparences étaient parfois trompeuses et qu'il y avait tout de même dans cette bergerie un nombre non négligeables de personnes dignes d'interrêt;
je me suis fait quelques amis, assez pour ne plus systématiquement me sentir en terrain hostile dès que je sortais de ma voiture. Finalement tout commençait à s'arranger plus ou moins lorsque j'ai compris que mon aversion TOTALE pour la technique juridique m'empêcherait de poursuivre dans cette voie. C'est même pas une question d'idéologie, c'est même pas que je répugne à comprendre les mécanismes régissant un hypothétique intrument de domination bourgeois, non, c'est juste que je ne suis pas fait pour ça, mon cerveau n'a pas les connexions requises, tant mieux si certains en disposent, moi ce n'est pas le cas, comme d'autres sont incompatibles avec les maths ou la poésie, point de jugement de valeur là dedans, ou si peu. Voilà.
Je passe maintenant mes journées à faire ce que tout étudiant devrait pouvoir faire pendant au moins un semestre durant sa scolarité : prendre le temps de lire. Les auteurs classiques, le journal, des essais contemporains, et PAS SEULEMENT dans l'optique des fameuses épreuves de culture générale de tout concours qui se respecte, mais aussi, et surtout, simplement pour soi, pour le plaisir de comprendre ce qui se passe dehors, de se dire qu'on sait des choses et qu'on vaut pas moins que ceux qui prétendent savoir et se permettent de décider à notre place. Pour perpétuer un héritage aussi, parce qu'un monde où les gens ne s'intéressent plus à ce qui a été fait avant, c'est un monde qui court à sa perte. Bref. Je lis. Sénèque, Confucius, Lautréamont, Rimbaud, Toqueville, Montesquieu, Pascal, Descartes, Alain, Breton, Desnos, Tzara, Michelet, Marx, Bakounine, Proudhon, Levi Strauss, Bourdieu, Barthes, Baudrillard, Castoriadis, Guy Debord, Fante, etc... J'ai l'impression, pour la première fois depuis que je suis inscrit à la fac, ou presque, que je ne perds pas mon temps. Voilà.
Je pense que je reviendrai plus en détail sur mon expérience universitaire (qui est loin d'être terminée) lorsque j'en aurai le temps, parce que je ne pense pas être le seul dans mon cas.
Ah sinon pour finir, mais tout le monde s'en fout, je suis moi aussi un admirateur de Guy Debord, mais aussi de Philip K. Dick, de Frantisek Kupka et de Gustav Mahler, et pour moi le meilleur groupe de ces 10 dernières années c'est Animal Collective.